Equithérapie

Pourquoi la thérapie avec le médiateur cheval ?

Le cheval facilite une présence au moment présent, et donc à nous, à nos valeurs.

Il fait émerger une forme juste d’autorité, ni passive, ni agressive. Le développement de soi avec les chevaux s’adresse aussi à des personnes dans des situations de prise de décision: Il nous reconnecte à nos valeurs, à ce qui est central dans nos vies. Beaucoup de mes contacts ont commencé à monter à cheval à des moments décisifs de leur vies : ruptures, deuils, pertes, maladie, etc. L’envie était souvent là depuis de longues années, mais censurée.

Le contact avec le cheval nous rend plus conscients du canal de communication non verbal, celui qui régule les relations humaines, plus que du canal verbal, qui nous sert davantage pour échanger des informations. « Celui dont le seul outil est le marteau, verra des clous partout ». Les séances avec le cheval mobilisent l’ensemble des canaux de communication, vous apprendrez à être ancrés dans le moment présent, dans votre corps, base d’une affirmation de soi solide, efficace dans toutes les situations (Beier, 2018).

Ce travail permet d’apprendre que votre présence physique est impactante, à ré-habiter votre corps, pour mieux réguler vos émotions, dans des situations de stress ponctuel, de handicap physique, de maltraitance ou d’abus, de harcèlement ou de burn-out, d’évènement traumatique (cf. la video de Dr. Pat Ogden sur le lien entre posture et resilience [ENG])

Je recommande la lecture du très bel article de Berbet, Guilmot « Cheval et pleine conscience : Eveiller les sens, apprivoiser les émotions, ancrer sa présence » (2011), voici un extrait :

« Être sauvage et familier, le cheval nous attire et nous impressionne à la fois. Établir la communication avec cet animal puissant et émotif requiert de s’intéresser à son mode de vie, à ses perceptions et à ses besoins relationnels. Le cheval, de par son instinct grégaire, sa vigilance de chaque instant aux informations environnementales, ses capacités d’adaptation et sa curiosité́, nous offre un répertoire comportemental stimulant et soutenant notre propre qualité́ de présence.

Dans le coaching ou la thérapie avec le cheval, on fait appel à toutes les dimensions du cheval, telles que :

Sa sensibilité importante, alliée à sa puissance (Frewin et Gariner,2005). Contrairement à d’autres animaux utilisés en thérapie / coaching assisté par l’animal (comme le chat ou le chien), généralement prédateurs, le cheval est quant à lui une proie. Il doit sa survie à sa capacité à ressentir la peur et à s’enfuir dès la perception d’un danger imminent. Cette caractéristique le rend extrêmement sensible à son environnement et lui donne cette aptitude à être en résonance avec le comportement des autres êtres vivants, en particulier au niveau de la communication non-verbale (Kohanov, 2001 ; McCormick et McCormick, 1997). Ainsi, en interaction avec un humain, le cheval s’ajuste de façon immédiate à son environnement, donnant ainsi lieu à une sorte d’effet miroir de nos émotions, pensées ou comportements non-verbaux en les reflétant par son propre comportement (Vidrine, Owen-Smith et Faulkner, 2002). Les personnes apprennent que pour pouvoir influencer le comportement du cheval, elles doivent d’abord agir sur elles-mêmes, sur leurs pensées, leurs émotions et leur propre comportement. Il ne s’agit donc pas de parler, mais bien de sentir, d’expérimenter, puis d’agir.

La possibilité de monter sur son dos et par là, offrant une expérience physique unique qui donne lieu à une implication corporelle massive, demande une capacité́ de se laisser porter et de faire confiance, mais aussi d’utiliser son propre corps dans son ensemble, afin de percevoir et induire à la fois un mouvement chez le cheval.

Sa stature inspirant le respect, voire la peur, et à tout le moins l’attention.

Sa dimension grégaire le rendant particulièrement disponible à être en relation, dans la proximité et le toucher.  Le cheval est donc un être naturellement attiré par la relation.

Ces caractéristiques du cheval suscitent des réactions, prises de conscience ou apprentissages pouvant alors être utilisés dans le cadre thérapeutique ou du développement de soi. Il n’y a pas une technique ou une activité particulière qui soit favorisée. Tout est possible : nourrir le cheval, marcher avec lui, le brosser, lui passer un licol, le monter, le longer, observer le troupeau, etc.

Ces activités sont toutes des occasions de travailler un processus particulier, soutenant la démarche d’aide : la prise de conscience des limites, la capacité à être présent, la confiance en soi et/ou en autrui, l’assertivité́, la résolution de problèmes, la créativité́, la prise de responsabilité, le travail en équipe, le développement de la conscience de ses sensations et de ses comportements non-verbaux, être en interaction sociale avec un partenaire non-jugeant pour qui l’apparence ou le statut social n’importent en rien sur ses réponses (Frewin et Gardiner, 2005 ; Yorke, Adams et Coady, 2008). Le cheval répond dans l’instant à l’intention et au comportement de son partenaire humain et ce, sans attente, sans présupposition, sans critique.

La personne, le cheval et le thérapeute / coach peuvent dès lors s’impliquer dans une relation à trois où, tour à tour, chacun aura sa part d’initiative. On le voit, l’approche est ici expérientielle et la relation thérapeutique se construira sur base de ce qui émerge de la rencontre entre trois êtres vivants, et de toute évidence différents.

Prenons ainsi l’exemple de Léa, jeune fille souffrant de schizophrénie (mais des apprentissages similaires et expériences correctrices sont possibles à plus forte raison pour des personnes ne souffrant pas de trouble psychique), qui après quelques semaines de séances d’hippothérapie, semble avoir un certain plaisir à être assise sur le cheval, mais passe principalement son temps à invectiver l’hippothérapeute qui tient le cheval à la longe : « Fais ceci, fais cela, je te l’ordonne ! » En même temps, les manifestations toniques et les actions corporelles de Léa font sensiblement réagir le cheval, ce que le thérapeute ne manque pas de constater verbalement et corporellement en suivant lui-même les mouvements du cheval.

Un jeu de déplacements et de changements de direction et de rythme s’instaure à trois. Ces variations sont tantôt induites par le thérapeute, tantôt par les initiatives du cheval ou de la jeune fille. Des peurs et des plaisirs se côtoient, et ces émotions qui évoluent sans cesse sont reconnues avec une égale attention par le thérapeute. « Arrête le cheval! » exige soudain Léa. « Tu voudrais qu’il s’arrête ? », répond le thérapeute, se faisant aussitôt complice de ce projet et cherchant avec elle le moyen de se faire comprendre de l’animal. Grâce à cette triangularisation, Léa sort peu à peu d’une confrontation binaire pour développer une capacité de négociation avec le cheval impliquant toute sa personne : ses paroles, son tonus, sa gestuelle, ses émotions, etc. Ses tentatives adéquates sont immédiatement renforcées par les réponses cohérentes du cheval. L’aspect motivationnel que représentait le cheval se double d’une sensation de succès. Un lien affectif apparaît. Bref, un nouveau registre de relations va pouvoir être expérimenté, être découvert et s’exercer au fil des séances. C’est bien par les sensations éprouvées, les tentatives et les explorations que de nouvelles stratégies relationnelles peuvent s’inscrire dans le registre de la personne. Le thérapeute et le cheval en sont successivement les interlocuteurs, les soutiens et les témoins.

Il serait simpliste et réducteur de penser que le cheval est thérapeute, mais il offre des expériences et un contexte relationnel particulièrement étendu. Si l’on sait valoriser les opportunités qu’il permet, un vaste champ d’accompagnement thérapeutique peut être proposé. » (Herbete, Guilmot, 2011)

Bibliographie

Extraits tirés de :Cheval et pleine conscience : Eveiller les sens, apprivoiser les émotions, ancrer sa présence, Herbete et Guilmot, 2011

Überholen mit 1 PS: Wie Manager von Pferden lernen, Doreen Beier

Articles de vulgarisation en anglais « The Power of Equine Therapy »

https://www.psychologies.co.uk/power-equine-therapy

En français : L’équithérapie : soigner l’esprit par le cheval

https://www.psychologies.com/Planete/Les-animaux-et-nous/Articles-et-Dossiers/Quand-le-cheval-nous-aide

Livre : Made for each other : The human animal bond, Meg Daley Olmert

Lecture recommandée :

Chevaux et thérapie du psychotrauma:

Veterans, experts say horse therapy shows promise as PTSD treatment, juillet 2019

 » (…) Pascal added that the skills she has learned in her sessions are ones that she now utilizes in everyday life. And for those who may be having similar problems, but who might be wary about working with animals that sometimes stand eight feet or taller, she says don’t knock it until you try it.“It’s truly been life-changing (…) « 

https://www.foxnews.com/health/horse-therapy-ptsd-help-veterans-experts?fbclid=IwAR39Dv4Q6qBclRepuyi3WARLB5Okglyt2-XX7HEVpcMIk2sbiwrz30-qppo

photos: Moment Gigja Einarsdotti Getty images, Tunart E+ collection via Getty images

Illustration: Stable Moments / Leif Hallberg